Magnifique texte
Quelques femmes, plus, peut-être, qu’on le croit, sont un corps verbal, outre qu’elles sont un corps charnel.
Ce sont elles qui te subjuguent. Leur chair est travaillée au corps par les mots du corps. Et leur ventre en amour, ou en attente de l’amour, est travaillé aux entrailles par les mots du profond amour.
Leur corps verbal, c’est leur âme, leur esprit, chargés de la même chair que celle du corps charnel. Souvent, les deux ne font qu’un, dans l’émotion et dans la sensation.
Tu reconnais entre toutes la troublante tonalité de ces privilégiées chez qui le corps verbal fait «chanter» le corps charnel. Ou le fait crier.
Une femme qui, tout en croyant en la puissance du langage, reçoit ce langage de son corps, soit en l’écoutant parler, s’il parle, soit en le faisant parler, s’il se tait, cette femme se tient au plus près de sa vérité de femme.
Si elle trouve des mots à mettre sur ses tressaillements énigmatiques, sur son être obscur, réprimé, noué, comme exclus du discours dominant des hommes, ne réussirait-elle qu’à faire glisser un archet sur ces cordes-là, elle se tiendrait alors au plus près de sa vérité.
Féminaires, extrait. Marcel Moreau.
Kees van Dongen, Leila, 1915.
C'est beau et doux à l'oreille ! 😘